La Mandragore de Machiavel est considérée comme le chef-d’œuvre du théâtre italien du XVIe siècle. Comment peut-on lire dans le prologue du texte les protagonistes masculins sont: «un amoureux transi, un docteur sans malice, un moine malappris, un parasite, malin entre tous» [1]. Si nous analysons l’œuvre, on peut constater que à travers eux que se reflète l’homme de la société européen du 1500.
Par exemple, Machiavel assignera à Callimaco, au sein de la pièce, un double rôle: celui de l’amant qui ne sait que faire et celle de l’homme intelligent capable de lire la réalité avant d’agir. Nicia bien qu’il se présente pompeusement et utilise un langage sophistiqué, il est en fait l’homme le plus simple et le plus idiot de Florence. Ligurio: c’est un parasite rusé, qui exploite sa ruse pour vivre. Frère Timothée: il est prêt à mentir contre rémunération et prêt à utiliser la religion pour servir des causes qui n’ont rien à voir avec la foi.
Pour comprendre l’importance des protagonistes dans les représentations théâtrales, il faut aussi s’arrêter sur l’onomastique. En effet, dans la comédie en général a un rôle de premier plan, car le choix des noms n’est jamais aléatoire: cela vaut évidemment aussi pour la Mandragore, où les noms contiennent déjà la manière d’être et l’essence du personnage, anticipant ce qu’il fera sur scène.
Callimaco
L’étymologie (καλή μαχία) nous fait penser à un guerrier aux belles batailles, un vaillant combattant : celui de Callimaco Guadagni [2] est un combat érotique qui se déroulera dans le lit de Lucrèce. Selon l’interprétation de Gennaro Sasso, Callimaco est un personnage passif qui n’agit pas sur scène.
Cette hypothèse, cependant, n’est pas très convaincante: en fait Callimaco montre la capacité de trouver les bons alliés ; et puis, bien que Ligurio l’aide à entrer en contact avec Lucrezia, il devra conquérir la femme seul. Machiavel assignera à Callimaco, au sein de la pièce, un double rôle: celui de l’amant de l’amant perdu qui ne sait pas comment agir sans aide et celui de l’homme avisé, habile et attentif à calculer les situations qui se présentent. Par exemple, dans une scène de acte premier, Callimaco se révèle être un grand raisonneur, un grand lecteur de la réalité, il interprète subtilement le moment qu’il vit et sait se déplacer pour arriver à son but:
CALLIMACO Dirotti. In prima mi fa guerra la natura di lei, che è onestissima ed al tutto aliena dalle cose d’amore; l’avere el marito ricchissimo e che al tutto si lascia governare da lei, e, se non è giovane, non è al tutto vecchio, come pare; non avere parenti o vicini, con chi ella convenga ad alcuna vegghia o festa o ad alcuno altro piacere, di che si sogliono dilettare le giovane. Delle persone meccaniche non gliene càpita a casa nessuna; non ha fante né famiglio, che non triemi di lei: in modo che non c’è luogo ad alcuna corruzione [3].
Lucrezia est très honnête, et son mari est très riche, donc Callimaco ne peut pas la soudoyer avec de l’argent, et il n’y a pas non plus de parents qui peuvent agir comme médiateurs; de plus Lucrèce n’a pas l’habitude d’aller aux fêtes, elle n’a pas d’artisans et les gens qui sont chez elle la craignent car madame est très rigide. Callimaco, bien que conscient de ces difficultés, trouve quelques lueurs; il y a deux éléments qui peuvent l’aider: la bêtise de Messer Nicia et le désir fou d’avoir des enfants:
CALLIMACO Dua cose: l’una, la semplicità di messer Nicia, che, benché sia dottore, egli è el più semplice ed el più sciocco uomo di Firenze; l’altra, la voglia che lui e lei hanno d’avere figliuoli, che, sendo stata sei anni a marito e non avendo ancora fatti, ne hanno, sendo ricchissimi, un desiderio che muoiono [I, 1] [4].
Le jeune amoureux sait que s’il s’engage il peut espérer saisir l’opportunité, en tant que raisonneur il peut identifier les obstacles mais aussi les solutions possibles. Une autre décision très importante prise par Callimaco est d’avoir choisi Ligurio comme allié. Il sait bien que Ligurio connaît la maison de Messer Nicia et qu’il est un parasite qui veut son avantage personnel:
CALLIMACO […] messer Nicia tiene con lui una stretta dimestichezza, e Ligurio l’uccella; e benché non lo meni a mangiare seco, li presta alle volte danari. Io me l’ho fatto amico, e gli ho comunicato el mio amore: lui m’ha promesso d’aiutarmi con le mane e co’ piè. SIRO Guardate e’ non v’inganni: questi pappatori non sogliono avere molta fede. CALLIMACO Egli è el vero. Nondimeno, quando una cosa fa per uno, si ha a credere, quando tu gliene communichi, che ti serva con fede. Io gli ho promesso, quando e’ riesca, donarli buona somma di danari [5];
Avec l’entrée de Ligurio, Callimaco perd sa centralité dans l’action; ses choix deviennent plus passifs et c’est Ligurio qui tisse l’intrigue de la comédie. C’est précisément à cette occasion que Callimaco joue également le rôle de l’amant, comme cela ressort du monologue de la première scène du quatrième acte:
CALLIMACO Ed è vero che la Fortuna e la Natura tiene el conto per bilancio: la non ti fa mai un bene, che, a l’incontro, non surga un male. Quanto più mi è cresciuta la speranza, tanto mi è cresciuto el timore. Misero a me! Sarà egli mai possibile che io viva in tanti affanni e perturbato da questi timori e queste speranze? Io sono una nave vessata da dua diversi venti, che tanto più teme, quanto ella è più presso al porto. La semplicità di messer Nicia mi fa sperare, la prudenzia e durezza di Lucrezia mi fa temere. Ohimè, che io non truovo requie in alcuno loco! Talvolta io cerco di vincere me stesso, riprendomi di questo mio furore, e dico meco […] le gambe triemano, le viscere si commuovono, el cuore mi si sbarba del petto, le braccia s’abandonono, la lingua diventa muta, gli occhi abarbagliano, el cervello mi gira [6].
Comme on peut l’observer, on retrouve dans ce passage des expressions du Machiavel théorique: «la chance et la nature tiennent compte de l’équilibre». Dans ses ouvrages historico-politiques, l’ancien secrétaire affirme souvent que la chance et la nature ne vous font jamais de bien, sans ensuite vous faire de mal. Il est difficile de séparer le bien du mal : quand on reçoit le bien de la chance, il porte le mal en soi, comme il est écrit au chapitre 6 du 1er livre des Discours. Comme lorsqu’on est devant un inconvénient et qu’on croit l’avoir résolu, un autre surgit aussitôt (chapitre 37 du livre III des Discours). Callimaco parle avec la lucidité analytique de Machiavel, même s’il est amoureux (scène trois, acte premier): «CALLIMACO […] Mais qu’est-ce que je dois faire ? Quelle résolution prendre ? De quel côté me tourner ?»[7].
Même lorsqu’il tombe dans le désespoir, après avoir écarté le remède de la station thermale, Callimaque se laisse aller à une série de questions qui semblent traduire la nécessité d’agir. L’espoir qu’il a vient de l’action; cette manière d’argumenter rappelle encore les Discours de Machiavel puisque, comme l’auteur lui-même l’écrit dans l’ouvrage, il faut agir pour sauver la patrie.
Nicia
L’ancien secrétaire du nom de Nicias utilise les Vies parallèles de Plutarque. Nicias de Plutarque (un commandant athénien qui a vécu en 470 av. J.-C.) est très doué pour commander des armées et conclure des marchés. Il mourut en 419 av. J.-C., dans la guerre contre Syracuse, pour n’avoir pas eu le courage de se battre alors que la situation était favorable aux Athéniens. Machiavel connaît très bien la figure de Nica dans les Vies Parallèles et en parle également dans les Discorsi (chapitre 53, livre I) le définissant comme un homme prudent et très sérieux.
On notera qu’il n’y a aucune affinité entre le Nicia que le dramaturge florentin nous présente sur scène et le Nicias de Plutarque. Le nom de Nicia dans la pièce est utilisé de manière antiphrastique. Le Nicia de la Mandragore est l’exact opposé du commandant athénien Nicias. Au sein de la pièce, Nicia n’aura pas de rôle secondaire: c’est un personnage dont la contradiction sera un élément de force dans la comédie.
Il est intéressant d’observer comment Machiavel utilise le personnage de Nicias pour critiquer la bourgeoisie urbaine à laquelle il appartient: «NICIA J’ai eu l’impression de parler à des buses ; et pour te dire la vérité, ces docteurs en médicine ne savent pas ce qu’ils dégoisent»[8] [I, 2].
Les paroles de Nicia sont dirigées contre sa propre classe sociale. Il reproche à la Florence de son temps d’être incapable d’en apprécier les vertus:
NICIA E’ fa molto bene: in questa terra non ci è se non cacastecchi, non ci si apprezza virtù alcuna. S’egli stessi qua, non ci sarebbe uomo che lo guardassi in viso. Io ne so ragionare, che ho cacato le curatelle per imparare dua hac, e se io ne avessi a vivere, io starei fresco, ti so dire![9] NICIA [ …] E questo è che, chi non ha lo stato in questa terra, de’ nostri pari, non truova can che gli abbai; e non siàn buoni ad altro che andare a’ mortori o alle ragunate d’un mogliazzo, o a starci tuttodì in sulla panca del Proconsolo a donzellarci. Ma io ne li disgrazio, io non ho bisogno di persona: così stessi chi sta peggio di me! Ma io ne li disgrazio, io non ho bisogno di persona: così stessi chi sta peggio di me! Ma non vorrei però ch’elle fussino mie parole, ché io arei di fatto qualche balzello o qualche porro di drieto, che mi fare’ sudare [10].
La nature timide de Nicia se révèle également dans l’acceptation du mécanisme de la mandragore qui prédit la mort d’un garçon. Nicia se fiche que quelqu’un meure pour avoir des enfants, mais elle se soucie que les Huit ne sachent rien : «si je ne leur dis pas, je le trahis, et c’est le cas d’Otto: je ne veux pas tomber en danger [II, 6]. Et encore dans la même scène: «Mais surtout, ne le savons pas, pour l’amour des Huit !»[11]. Le désir de Nicia d’avoir des enfants est un désir qui cache les principes de base de la société bourgeoise : avoir un enfant mâle à tout prix pour gérer les biens à la mort de Nicia. Ce n’est donc pas un problème affectif; il n’est pas mû par des sentiments paternels, mais seulement par des questions économiques. Sostrata, la mère de Lucrezia, est également mue par les mêmes pulsions économiques: elle essaie de convaincre sa fille d’accepter la proposition immorale en supposant qu’une femme sans enfant sera seule (scène onzième, troisième acte): «SOSTRATA Làsciati persuadere, fille ma. Ne voyez-vous pas qu’une femme qui n’a pas d’enfants n’a pas de foyer ? Quand son mari meurt, elle reste comme une bête, abandonnée de tous» [12].
Dans la comédie, Nicia se révèle être un personnage suspect, qui se croit rusé, qu’il a des connaissances en médecine, alors qu’au final ce n’est qu’un crédule. Il possède également une grande puissance sexuelle, mais révèle en réalité une homosexualité refoulée, comme on peut le déduire de la deuxième scène du cinquième acte, en admirant la beauté du garçon:
NICIA […] Ma tu non vedesti mai le più belle carne: bianco, morbido, pastoso! NICIA Poi che io avevo messo mano in pasta, io ne volli toccare el fondo. Poi volli vedere s’egli era sano: s’egli avessi aùto le bolle[13].
Dans la scène précédant le deuxième acte, il est fier de pouvoir distinguer un bon médecin d’un mauvais, mais finit par croire à tout ce que Callimaque, un faux médecin, lui dit:
NICIA In cotesta parte io mi vo’ fidare di te, ma della scienzia io ti dirò bene io, come io gli parlo, s’egli è uomo di dottrina, perché a me non venderà egli vesciche [14].
Sa sotte présomption est telle que, dans la scène du déguisement, au lieu de se trouver ridicule avec les vêtements portés pour se déguiser, il se réjouit de son physique, s’exclamant à son avis: «plus jeune, plus maigre», ajoutant d’ailleurs que «elle ne serait pas une femme, que j’ai sorti de l’argent du lit». Concernant l’homosexualité latente du personnage, il y a une expression à la fin de la comédie (V, 6), qui se présente comme une confirmation supplémentaire: «NICIA Lucrezia, c’est celle qui sera la raison pour laquelle nous aurons un bâton à soutenir notre vieillesse» [15].
Nicias fait une plaisanterie assez éloquente: le bâton peut être interprété comme une allusion, dans une tonalité obscène, au fait que Callimaque, dans les aspirations cachées de Nicias, devrait être le bâton de sa vieillesse. Quoi qu’il en soit, Nicia reste une gagnante; cette croyance est donnée par la naissance de l’héritier tant rêvé et désiré. Même l’étymologie de son nom pourrait le confirmer: níke, précisément la victoire.
Ligurio
Dans le prologue, Ligurio nous est présenté comme «un parasite» et comme le favori de la malice: «le cucco de la malice». C’est à Ligurio avec son art espiègle de penser les stratégies, d’enseigner les personnages, de guider les mouvements, d’assigner les rôles, de décider des temps, d’organiser, chaque détail:
LIGURIO Io voglio che tu faccia a mio modo, e questo è che tu dica di avere studiato in medicina, e che abbi fatto a Parigi qualche sperienzia: lui è per crederlo facilmente per la semplicità sua, e per essere tu litterato e poterli dire qualche cosa in grammatica (I, 3) [16].
LIGURIO Andate, frate, alle vostre orazioni, e se bisognerà altro vi verreno a trovare. Voi, messere, andate alla donna per tenerla ferma in questa opinione, e io andrò a trovare maestro Callimaco che vi mandi la pozione; e a l’un’ora fate che io vi rivegga per ordinare quello che si de’ fare alle quattro (III, 12) [17].
LIGURIO Noi abbiamo tutti a travestirci. Io farò travestire el frate: contrafarà la voce, el viso, l’abito; e dirò al dottore che tu sia quello; e’ se ‘l crederrà. (IV, 2) [18].
LIGURIO Non perdiàn più tempo qui. Io voglio essere el capitano, ed ordinare l’esercito per la giornata. Al destro corno sia preposto Callimaco, al sinistro io, intra le dua corna starà qui el dottore; Siro fia retroguardo, per dar sussidio a quella banda che inclinassi. El nome sia san Cuccù (IV, 9) [19].
Fra Timoteo: «celui qui honore Dieu»
Le frère Timoteo est une personne très importante car il nous permet de saisir certaines réflexions de l’ancien secrétaire sur la religion. L’une des nombreuses caractéristiques de Timothy est d’être le seul des personnages à avoir une relation directe avec le public.
Si les autres protagonistes de la pièce ne se tournent jamais vers le public, lui, en revanche, presse le spectateur en lui donnant des informations scéniques, comme cela se passe dans la dixième scène du quatrième acte [20].
Mais en plus de cela, il joue également le rôle de médiateur de l’amour, se faisant passer pour le proxénète. Le frère clôturera la pièce, confirmant sa fonction instrumentale de lien entre le monde de la représentation et le public:
FRATE E voi, madonna Sostrata, avete, secondo che mi pare, messo un tallo in sul vecchio. SOSTRATA Chi non sarebbe allegra? FRATE Andianne tutti in chiesa, e quivi direno l’orazione ordinaria. Di poi, doppo l’uffizio, ne anderete a desinare a vostra posta. Voi spettatori, non aspettate che noi usciam più fuora: l’uffizio è lungo. Io rimarrò in chiesa e loro per l’uscio del fianco se n’andranno a casa. Valete (V, 6) [21].
De plus, dans la comédie, les discours qu’il prononce sont liés à des livres, comme outil d’étude des circonstances, «une allusion qui pourrait certainement aussi renvoyer à des manuels pour confesseurs et autres, qui renvoient surtout, pour l’usage explicite qui en est fait dans ce qui suit, à la Bible» [22].
Mais la particularité de la figure de Timothée réside dans le fait qu’il récite de nombreux monologues, même cinq; la dernière digne d’attention car elle nous offre des indications sur la conception machiavélique de la religion. En effet, dans le cinquième monologue, Timothée (étymologiquement «celui qui honore Dieu») attribue l’affaiblissement de la foi au mauvais comportement des frères, incapables de faire vivre les cérémonies:
Io non ho potut’a questa notte chiudere occhio, tanto è el desiderio, che io ho d’intendere come Callimaco e gli altri l’abbino fatta. Ed ho atteso a consumare el tempo in varie cose: io dissi mattutino, lessi una vita de’ Santi Padri, andai in chiesa ed accesi una lampana che era spenta, mutai un velo ad una Nostra Donna, che fa miracoli. Quante volte ho io detto a questi frati che la tenghino pulita! E si maravigliono poi se la divozione manca! Io mi ricordo esservi cinquecento immagine, e non ve ne sono oggi venti: questo nasce da noi, che non le abbiamo saputa mantenere la reputazione. Noi vi solavamo ogni sera doppo la compieta andare a procissione, e facevànvi cantare ogni sabato le laude. Botavànci noi sempre quivi, perché vi si vedessi delle immagini fresche; confortavamo nelle confessioni gli uomini e le donne a botarvisi. Ora non si fa nulla di queste cose, e poi ci maravigliamo che le cose vadin fredde! Oh, quanto poco cervello è in questi mia frati! [23].
Les arguments de ce monologue rappellent inévitablement l’idée de religion qui se dégage dans les œuvres machiavéliques, comme, par exemple, dans les Discours (I, 12) [24].
Le secrétaire florentin, tout en se disputant avec l’église, a un énorme respect pour la religion. L’un des aspects avec lesquels Machiavel n’est pas d’accord est l’interprétation du ciel par l’Église. Il se rend compte que le ciel est un mythe négatif puisqu’il s’agit d’une déviation de l’engagement terrestre. Pensant au paradis, les hommes voient la vie sur terre comme un passage : cette attitude entraîne une dévalorisation de la vie terrestre. Il faut, soutient Machiavel, ne pas concevoir la vie terrestre comme un lieu de sacrifice pour atteindre ensuite la béatitude céleste. Pour l’ancien secrétaire, la religion est un fait entièrement humain et n’a rien à voir avec le surnaturel.
Dieu, le culte, la cérémonie n’ont de sens que s’ils sont utilisés d’un point de vue terrestre. C’est précisément pour cette raison que Machiavel fait l’éloge des anciens Romains, qui attachaient une grande importance aux cérémonies pour renforcer l’usage civil de la religion, comprise comme un instrument de cohésion sociale [25].
De cette analyse approfondie des protagonistes masculins de la Mandragore, nous voyons la corruption de l’église, la cupidité de l’argent, la ruse et la perte morale dans la ville de Florance. Peut-être aussi pour cet aspect critique que:
«Une telle pièce ne pourra manquer de pâtir, quelques décennies après sa composition, du rigorisme religieux et morale croissant de la Contre-Réforme. Mise à l’index, la comédie de Machiavel sera pendant des siècles parfois même jusqu’à une époque récente – bannie des scènes et ignorée du grand public» [26].
Dialoghi Mediterranei, n. 58, novembre 2022
[*] Abstract
La Mandragora di Machiavelli è considerata il capolavoro del teatro italiano del XVI secolo. I protagonisti maschili sono: «Uno amante meschino, Un dottor poco astuto, un frate mal vissuto, un parassito, di malizia el cucco». Se analizziamo la commedia attraverso questi personaggi si riflette l’uomo della società del Cinquecento. Ad esempio, Machiavelli assegnerà a Callimaco, all’interno dello spettacolo, un doppio ruolo: quello dell’amante che non sa cosa fare e quello dell’uomo sapiente, abile e attento un grado di calcolare le situazioni che gli si presentano. Nicia anche se si presenta pomposamente e usa un linguaggio sofisticato, è nella sostanza «l’uomo più semplice e idiota di Firenze». Ligurio è un astuto parassita, che sfrutta la sua astuzia per vivere. Frate Timoteo è pronto a mentire dietro compenso e usare la religione per servire cause che non hanno nulla a che fare con la fede. Grazie a questi protagonisti, osserviamo la corruzione della Chiesa, l’avidità di denaro, l’astuzia e la perdita morale nella città di Firenze.
Note
[1] Nicolas Machiavel, La Mandragore, introduction, traductions et notes de Paule Larivaille suivi d’un essai de Nuccio Ordine, Paris Les Belles Lettres, 2008: 2.
[2] «Con Callimaco Guadagni e Nicia Calducci ci troviamo di fronte ad autentici ircocervi, nomi metà grecizzati e metà (i cognomi) veracemente fiorentini»: Niccolò Machiavelli, Mandragola, a cura di Pasquale Stoppelli, Milano, Oscar Mondadori, 2010: XVIII.
[3] Niccolò Machiavelli, Mandragola, a cura di Pasquale Stoppelli, cit.: 20.
[4] Ivi: 21.
[5] Ivi: 22-23.
[6] Ivi: 88-90. Raimondi pour la description des effets physiques soutient que Machiavel s’est inspiré des vers du poème 51 de Catulle, ainsi que de ceux du De rerum Natura de Lucrèce: «Verum ubi vementi magis est commuta metu mens, / consentire animam totam per membra videmus, / sudoresque ita palloremque esistere toto / corpore, et infringi linguam, vocem aboriri, / caligare oculos, sonere auris, succidere artus, / denique concidere ex animi terrore videmus / saepe hominines» ( III: 152-158): Ezio Raimondi, Politica e commedia, Bologna, Il Mulino, 1998: 173-174.
[7] Nicolas Machiavel, La Mandragore, introduction, traductions et notes de Paule Larivaille suivi d’un essai de Nuccio Ordine, cit.:11.
[8] Ivi: 9.
[9] Niccolò Machiavelli, Mandragola, a cura di Pasquale Stoppelli, cit.: 43-44.
[10] Ivi: 44.
[11] Ivi :45.
[12] Ivi:82.
[13]Ivi: 118.
[14] Ivi:36. Lisez aussi le vers prononcé par Nicias dans la deuxième scène du deuxième acte : «parce que tu m’as fait m’émerveiller de la qualité, ce qui n’est pas ce que je n’ai pas cru ou fait pour tes mains».
[15] Ivi :39.
[16] Niccolò Machiavelli, Mandragola, a cura di Pasquale Stoppelli, cit.:33.
[17] Ivi: 85.
[18] Ivi: 95.
[19] Ivi:108.
[20] Ivi: 111- 112.
[21] Ivi:128.
[22] «Se l’episodio di Lot è richiamato dal frate come exeplum a sostegno della giustificazione, ancora preventiva, dell’intenzione che assolve dalla colpa (“dice la Bibia che le figliuole di Lotto, credendosi essere rimase sole nel mondo, usorono con el padre; e perché la loro intenzione fu buona, non peccorono”), la presenza del libro di Tobia assume tutt’latra funzione, anche per il luogo in cui il passo è collocato. [… ] Anche se le differenze sono molte non escluderei pure qui uno spunto boccacciano, sempre dalla novella di Ferondo, dove addirittura l’abate inscena per il rozzo contadino, per giustificare la gravidanza della donna, una grottesca parodia dell’annunciazione, contraffacendo la “voce” dell’ agnolo Gabriello». Anna Maria Cabrini, Fra’ Timoteo in Il Teatro di Machiavelli (Gargnano del Garda, 30 settembre -2 ottobre 2004), a cura di Gennaro Barbarisi e Anna Maria Cabrini, Milano, Cisalpino: 303-305.
[23] Niccolò Machiavelli, Mandragola, a cura di P. Stoppelli, cit.:113-115.
[24] C’est l’un des chapitres les plus intéressants de l’ouvrage, dans lequel Machiavel décrit la religion comme un instrumentum regni et un moyen de maintenir l’unité du peuple et de maintenir la fermeté du gouvernement, à l’instar de l’ancien paganisme romain.
[25] À cet égard, voir le chapitre des Discours intitulé Quelle est l’importance de tenir compte de la religion, et comment l’Italie, en en étant dépourvue par l’Église romaine, est ruinée, Niccolò Machiavel, Opere, cit.: 301.
[26] Nicolas Machiavel, La Mandragore, introduction, traductions et notes de Paule Larivaille suivi d’un essai de Nuccio Ordine, cit.: LXXXVII.
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Battista Liserre, dottore in Lettere e civiltà romaniche, insegna attualmente nel Dipartimento di italiano dell’Università della Piccardia Jules-Verne. Dal 2014 al 2019 è stato docente di Civiltà italiana presso l’Università di Aix-Marseille e il campus ESSCA. La sua ricerca verte sull’analisi politica, letteraria e storica delle opere di Bernardo Rucellai e dell’Accademia degli Orti Oricellari. Liserre ha presentato il suo lavoro in diverse università tra cui Parigi, Napoli, Marsiglia, Firenze, Galati, Casablanca, Constantine, Dunkerque e Laval.
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