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La démocratie tunisienne face à un nouveau défi électorale: nous en parlons avec Bassem Maatar, Président de l’ATIDE

1di Elena Nicolai [*]

Les élections locales en Tunisie ont été fixées au 24 Décembre 2023: pourquoi jouent-elles un rôle très important pour la démocratie? La campagne électorale de cette échéance a démarré le 2 décembre courant et se poursuivra jusqu’au 22 décembre; le deuxième tour aura lieu en février 2024.

Pendant ces élections les Tunisiens éliront leurs représentants locaux et régionaux qui constitueront le Conseil national des régions et des districts.

La nouvelle constitution d’août 2022 a mis en place un nouveau système politique, en instituant un Parlement composé de deux chambres: «l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARO), élue en Janvier 2023, et un tout nouveau Conseil national des régions et des districts qui reste à installer»[1]. Le processus électoral est très complexe:

«Chaque conseiller local issu du scrutin du 24 décembre siègera dans une “delegazioni” qui comportera au minimum cinq élus, selon le nombre de sections composant la délégation, ainsi qu’une personne porteuse de handicap. En tout, le pays comptera 279 conseils locaux. Chacun d’entre eux sera représenté par l’un de ses membres, désigné par un tirage au sort organisé par l’Isie, qui le représentera au sein du conseil régional pour un mandat de trois mois. Chaque gouvernorat – il en existe 24 en Tunisie – aura son conseil régional. […] Les 24 conseils régionaux se réuniront en conseils de districts – le territoire tunisien est divisé en cinq districts – pour procéder à l’élection de leurs représentants au sein du conseil national des régions et des districts, la chambre haute du Parlement. Chaque conseil régional élira de son côté trois représentants. La nouvelle chambre se composera ainsi de 77 membres: trois par région et un par district» [2].

Les préparatifs aux élections ont lieu en un climat tendu: la guerre entre Israël et Palestine affecte tout le monde et, surtout, les communautés dans les pays arabes.

Cette crise humanitaire est particulièrement sentie en Tunisie où, comme on le sait bien, les gens et le gouvernement sont solidaire avec le peuple palestinien; pour rappel, en août 2023 la commission des droits et libertés a entamé l’examen d’un projet de loi sur la criminalisation de la normalisation des relations avec Israël [3].

De l’autre côté, la Tunisie doit se confronter avec la désillusion montante des citoyens qui sont appelés aux urnes une fois de plus qui, paraît-il, sont épuisés par les multiples élections qui se sont succédé depuis 2011.

Dans ce cadre, l’Association Tunisienne pour l’Intégrité et la Démocratie des Elections (ATIDE)[4], créée le 24 mars 2011, qui a pour but la promotion et la protection des valeurs démocratiques, et tout particulièrement du droit de vote, surveillera les campagnes électorales des partis et candidats pour les élections.

Le Président de l’ATIDE, Bassem Maatar [5], a déjà souligné trois facteurs qui ont fait régresser le nombre des électeurs: «la perte progressive de l’espoir, la diabolisation de la démocratie et des processus électoraux ainsi que l’épuisement des Tunisiens» [6].

Tunisie : Kaïs Saïed fixe la date de l’élection des Conseils locaux   - Kapitalis

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Bassem Maatar a déploré le manque d’informations, parce que les électeurs ne sont pas suffisamment informés sur le rôle des conseils locaux: conséquemment, les électeurs se sont détournés toujours plus de ces élections.

D’après Maatar, le taux de participation des électeurs est le seul indicateur qui compte et «se référant aux chiffres communiqués par le porte-parole de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), Mohamed Tlili Mansri, au sujet du nombre d’électeurs qui ont vérifié leurs bureaux de vote ou mis à jour leurs données (1,5 million), le président d’ATIDE a avancé que cela n’était point suffisant, tout comme les efforts de sensibilisation» [7]. 

Il convient de rappeler que l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a validé 7217 candidats qui participeront aux élections des conseils locaux dans 2155 circonscriptions, dont 22% sont âgés de moins de 35 ans, 14 % sont des femmes et 1080 candidats sont des personnes porteuses d’un handicap [8].

On voit que l’ATIDE doit faire face à plusieurs difficultés, compte tenu des nombreuses circonscriptions et des candidats: c’est pour connaitre de plus près cette association qu’on a voulu poser des questions à son Président, Bassem Maatar. 

Bassem Maatar, Président de l’ATIDE

Bassem Maatar, Président de l’ATIDE

Vous êtes Président de ATIDE : qu’est-ce qui vous a orienté à joindre cette organisation ? Quel idéal vous anime? 

Depuis 2011, l’année de sa création, j’ai adhéré à l’association ATIDE, dont je partage des valeurs et principes. ATIDE représente pour moi une belle opportunité de participer comme citoyen à la vie publique et promouvoir la voie démocratique. 

Comment définiriez – vous l’importance qui a ATIDE dans la démocratie tunisienne? 

ATIDE est un acteur très important. L’association donne l’aide nécessaire à participer à la vie sociale et au processus électoral à travers la formation, la sensibilisation des citoyens en ce qui concerne la démocratie et la participation active. D’ailleurs, on travaille aussi à travers les discussions, les propositions des textes de loi et des amendements nécessaires au bon fonctionnement selon les valeurs et les normes internationaux et le plaidoyer individuel et communs avec d’autres associations. Tout ça afin d’améliorer et d’instaurer un climat légal et institutionnel opportun à l’échange vers une vie démocratique dans notre pays. 

Qui sont les bénévoles qui travaillent en ATIDE, et comment sont-ils distribués dans les différentes régions? 

Les bénévoles dans notre association sont citoyens qui respectent et adhérent à la charte de l’association, en acceptant surtout la neutralité, l’intégrité et l’objectivité. Il y a deux types d’adhérents: ceux actifs dans le bureau exécutif de l’association et des coordinateurs régionaux, et les adhérents. 

4Quand a-t-on commencé à se préparer en vue des prochaines élections en décembre? Quels sont les principaux travaux préparatoires? 

Malheureusement, les préparations pour les élections locales de décembre ont commencé tardivement, juste à la suite de l’annonce de la date officielle en fin de septembre. 

Comment décrieriez – vous le rôle qui joue ATIDE dans les opérations de surveillance des prochaines élections locales tunisiennes? 

Le rôle qui joue l’ATIDE comme un des acteurs principaux de la société civile dans l’observation des élections est très important. Avec les médias, par exemple, nous sommes en train de commenter le déroulement des différentes étapes du processus. D’autre coté, est aussi fondamentale la critique des textes de loi et les propositions d’amendements qui sont la résultante de notre observation et surtout de nos rapports préliminaires et définitifs pour chaque élection. 

C’est quoi, selon votre expérience, le défis le plus grand auquel ATIDE doit far face dans ces élections? 

Pour simplifier, à l’échelle interne c’est le financement de l’opération d’observation, avec l’instance des élections qui malheureusement n’ont plus la coopération de ISIE société civile. 

Est- que vous pensez qu’il y aura un climat plus tendu, vue la situation internationale? 

A l’échelle nationale on a observé un intérêt trop important pour le suivi de la situation en Palestine que pour celui des élections actuelles. 

5Est-ce qu’il -y-a un message, une exhortation que vous voulez adresser aux jeunes tunisiens, pour les sensibiliser à la défense de la démocratie et pour qu’ils s’approchent aux travaux de ATIDE? 

Nous essayons toujours d’apporter des explications et surtout des informations objectives. Je leur dirais que ce n’est pas la démocratie comme concept qu’est responsable de la situation économique et sociale, ce n’est pas la démocratie qui est coupable! Il faut rechercher la cause dans autres facteurs. Également, la diabolisation observée contre la démocratie et les élections émane de groupes et de gens qui cherchent des profils personnels dans un climat de dictature ou de chaos de l’état. 

Cet entretien sera publié le 1er janvier, le début de la nouvelle année: qu’est-ce que vous souhaitez à la Tunisie et au monde? 

Paix, stabilité, dans un respect total de la dignité humaine et de notre commune planète «la Terre».

Dialoghi Mediterranei, n. 65, gennaio 2024
[*] Abstract
In Tunisia si terranno le elezioni locali il 24 dicembre 2023, come previsto dalla nuova Costituzione emanata nel 2022. La consultazione popolare ha luogo in un momento storico difficile in cui il conflitto israelo-palestinese scuote l’opinione pubblica. Secondo il Presidente di ATIDE (associazione tunisina per l’integrità e la democrazia delle elezioni) Basser Maatam, bisogna combattere contro la demonizzazione della democrazia che da più parti viene additata come causa principale della crisi economica e sociale del Paese. La montante sfiducia nel sistema, la spossatezza dell’elettorato tunisino chiamato moltissime volte alle urne dopo il 2011, sono alla base della scarsa adesione registrata in questi mesi. Basser Maatam descrive brevemente il ruolo e i valori dell’associazione ATIDE e dei volontari che vi aderiscono nel supportare la democrazia, soffermandosi su criticità e su punti di forza. 
 Note
[1] https://www.jeuneafrique.com/1504016/politique/elections-locales-en-tunisie-mode-demploi/
[2] Ibidem
[3]https://www.trtafrika.com/fr/africa/la-tunisie-examine-le-projet-de-loi-sur-la-criminalisation-de-la-normalisation-avec-israel-14287554
[4] https://www.facebook.com/atideTunisie/ ATIDE: Association Tunisienne pour l’Intégrité et la Démocratie des Elections
[5] Bassem Maatar est l’actuel Président de l’ATIDE, Président de l’Union Tunisienne des Professions Libérales UTPL et Président du Syndicat Tunisien des Médecins Dentistes de libre pratique; ancien Secrétaire Général Adjoint à l’Union Arabe des Médecins Dentistes, est aussi Secrétaire Général Adjoint à l’Union Maghrébine des Médecins Dentistes.
[6] https://www.businessnews.com.tn/article,520,133813,3
[7] Idem
[8] https://directinfo.webmanagercenter.com/2023/12/04/tunisie-elections-les-principales-prerogatives-des-conseils-locaux/
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Elena Nicolai, dottoressa di Ricerca in Italianistica e in Filologia Classica, si è poi specializzata in migrazioni e politiche sociali a Ca’ Foscari. Ha pluriennale esperienza nell’ambito della Cooperazione Internazionale in vari Paesi, tra cui Pakistan, Togo, India, Tunisia; è stata consulente presso la sede AICS Somalia, Mogadiscio. È docente di Pedagogia Interculturale nel Corso di Specializzazione per le attività di sostegno agli alunni con disabilità presso UNINT e, per il terzo anno consecutivo, membro della commissione ministeriale per l’abilitazione al sostegno presso il medesimo ateneo. Fra i suoi ultimi lavori scientifici ricordiamo: Nicolai E., Clorinda e Le Mille e una Notte: donne, distopie identitarie islamiche e pratiche di inclusione, in Pluralismo confessionale e dinamiche interculturali: le best practices per una società inclusiva, a c. di A. Fuccillo e P. Palumbo, Editoriale Scientifica 2023, Napoli: 879-901; Breviario pakistano: mappe interculturali e prospettive pedagogiche (2022); L’Almagesto arabo: alcune note sulle traduzioni greco-arabe di al-ağğāğ e di Isāq ibn unayn-ābit ibn Qurra, QSA (2018).

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