dialoghi oltre il virus
di Naima Bouferas – Abdelkrim Elalami [*]
Introduction
La recherche vise à initier une réflexion élargie sur les possibilités offertes par l’enseignement à distance dans divers niveaux des contextes de formation et d’apprentissage.
Aujourd’hui, la vertigineuse rapidité des changements technologiques interpelle les professeurs à réaliser des projets de recherche visant la promotion des actions d’évaluation des nouveaux moyens d’enseignement pour vérifier leur conformité avec les attentes des étudiants et avec les critères imposés par les institutions de tutelle. C’est pourquoi, en tant que chercheurs nous avons perçu le besoin de procéder à la connaissance de ces nouvelles approches pour les évaluer selon les perceptions des premiers concernés c’est à dire les étudiants pour cerner les aspects positifs innovants.
La situation d’urgence dans la quelle a été lancé l’enseignement à distance pour les étudiants marocains nous a conduit à réfléchir non seulement sur les contenus transmis aux étudiants mais aussi sur la manière dont ces cours sont véhiculés, à la lumière de la pluralité des rôles que désormais l’enseignant chercheur est appelé à assumer dans ces circonstances (il est à la fois professeur, ingénieur , et tuteur …) et des lieux virtuels (les plateformes virtuelles ) impliqués dans les processus.
L’enquête menée dans le cadre de cette étude sur les impacts de l’enseignement à distance sur les étudiants tel qu’il a été pratiqué au sein des établissements à libre accès de l’université Mohammed V s’inscrit pleinement dans cette dimension. En effet, la clé de lecture de son succès peut être retracée selon trois principes: la simplicité de son utilisation, le dépassement des contraintes de temps et d’espace et la disponibilité.
En particulier, nous avons choisi de nous focaliser sur les meilleures modalités en mesure de créer un environnement d’apprentissage riche, varié et dynamique qui puisse avoir des répercussions positives sur l’étudiant, non seulement en termes de motivation, mais aussi de valorisation des différences et caractéristiques individuelles.
Dans le cadre de cette recherche, nous avons mené une enquête quantitative auprès de 653 étudiants des établissements à accès ouvert de l’université Mohammed V de Rabat pour essayer d’évaluer l’impact et les effets de l’e-learning sur les connaissances et les compétences des étudiants. Nous allons essayer d’éclaircir dans un premier temps le concept d’évaluation de l’e-learning, puis dans un deuxième temps nous allons présenter notre enquête en terme méthodologie et outil utilisé et en dernier lieu nous allons traiter et analyser les données collectées.
Evaluation et objectifs de l’enseignement en ligne
L’évaluation a ses racines dans la culture des sciences sociales et s’est développée aussi dans le monde des programmes pédagogiques de formation. L’évaluation de l’enseignement à distance est un objectif complexe qui implique un processus de recueil des informations sur l’enseignement et d’analyse et d’interprétation des données pour juger de son efficacité [1].
Cependant, l’évaluation soulève d’importantes questions sur ce qu’il convient d’évaluer et sur les modalités de le faire. En choisissant d’évaluer les impacts de l’enseignement à distance sur les étudiants, nous sommes conscients qu’il n’existe pas de consensus sur ce que devraient être les buts de cet enseignement car les objectifs sont une affaire de choix et peuvent varier d’un professeur à un autre. Si pour certains l’enseignement a le rôle d’aider l’étudiant et de le guider dans son processus de développement cognitif, moral et social vers le chemin de la connaissance et de la conscience de soi; pour d’autres l’enseignement a la vocation de le qualifier et de le préparer au monde du travail.
Evaluation de la qualité de l’e-learning
L’évaluation de la qualité et de l’efficience des outils utilisés ne peut pas être mesurée seulement sur la base des appréciations des enseignants, mais il est plus que jamais nécessaire de questionner les étudiants afin de connaître leurs feedbacks par rapport à cette expérience. Il faut pas oublier que dans le contexte actuel caractérisé par l’explosion des réseaux sociaux et des innovations technologiques, les principales sources de consultation ne sont plus les bibliothèques, mais les moteurs de recherche, les encyclopédies numériques, les revues en lignes, les bases de donnée, You tube, etc.
Évaluer la qualité signifie assumer le point de vue de l’étudiant et analyser la relation complexe entre celui-ci, ses professeurs, la structure, à laquelle il appartient, les contenus et les moyens technologiques utilisés à différents niveaux, pour en déceler les éléments critiques déterminés par le processus d’interaction qui peuvent parfois empêcher l’étudiant de recevoir un enseignement qui correspond à ses attentes.
Pour cela il est plus qu’important à ce jour de se pencher sur l’évaluation des retombés de l’enseignement sur les étudiants, et de réfléchir sur les mesures à prendre pour le généraliser et l’améliorer.
La présente enquête se concentre sur la qualité de l’enseignement et des plateformes tels qu’ils ont été perçus par les étudiants pour vérifier si ce qui leur a été endigué pendant la période du confinement correspond effectivement à leurs attentes pour pouvoir porter un jugement sur leur degré de satisfaction.
L’évaluation que nous voulons réaliser n’est pas une fin en soi, mais un processus tourné vers l’avenir qui doit permettre d’obtenir des informations pertinentes, fiables, en mesure de nous permettre de donner des jugements de valeur qui aideraient dans la perspective de mise en place d’un dispositif de l’e-learning par les TIC dans les universités marocaines en initiant une réflexion élargie sur les possibilités qu’ offre l’enseignement à distance dans divers niveaux des contextes de formation.
Il est plus que jamais nécessaire d’œuvrer pour l’élargissement et le développement de l’enseignement à distance pour qu’à l’avenir il devienne partie importante du système éducatif universitaire marocain dans son ensemble à travers son intégration dans le cursus universitaire.
Le souci d’améliorer la qualité du processus éducatif présente de nombreux défis aux acteurs engagés dans la réforme du cycle de licence qui verra le jour dans l’année universitaire 2021-2022.
Ces acteurs engagés sont de plus en plus conscients de l’importance de l’évaluation des programmes de la formation et des outils utilisés avant de mettre en place la nouvelle réforme: d’où l’importance de la démarche évaluative pour comprendre les contours, la valeur et les effets /impacts de l’enseignement en ligne avant de définir les stratégies de mise en œuvre du blended learning (un enseignement axé sur le présentiel enrichi par des activités d’enseignement et d’encadrement en ligne).
Dans cette logique s’inscrit notre enquête qui aspire à détecter le degré de satisfaction des étudiants par rapport à l’enseignement à distance qui leur a été dispensé.
Présentation de la méthodologie de l’étude
Nous allons essayer de voir dans le cadre de ce titre quels sont les objectifs de notre enquête, l’outil utilisé et la cible de notre étude.
Les objectifs de l’étude
L’analyse présentée nous a permis de déterminer certains objectifs fondamentaux de l’enquête, notamment:
- Avoir une vue d’ensemble sur la situation de l’enseignement à distance dans les établissements à accès ouvert de l’Université M5;
- détecter le degré de satisfaction des étudiants vis à vis de l’enseignement qui leur a été dispensé et des moyens utilisés;
- atteindre un nombre important d’étudiants appartenant à tous les départements relevant des 5 établissements à libre accès;
- recueillir des suggestions et observations intéressantes supplémentaires en plus de celles proposées.
Pour atteindre ces objectifs, il a été décidé de mener l’enquête par le biais d’un questionnaire en ligne via l’application Google Forms qui a été partagé avec des groupes des étudiants de la faculté des Lettres et sciences humaines de Rabat, des facultés des Sciences juridiques économiques et sociales de Salé, Souissi et Agdal et de la faculté des Sciences de Rabat.
Le questionnaire
Nous avons choisi d’approfondir la réflexion sur les modèles dans lesquels les dimensions didactiques, technologiques et relationnelle entrent en contact et s’influencent mutuellement, au lieu de nous focaliser sur la dimension quantitative et organisationnelle (en termes de quantité d’ équipement informatique, ou de nombre d’applications ou du nombre d’utilisateurs atteints).
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’étudier non seulement Les instruments utilisés pour dispenser les cours, mais surtout les autres aspects qui rentrent dans le travail de l’étudiant (la présentation des exposés, la réalisation des travaux de recherche, les tests d’évaluation et les projets de fin d’étude soutenu).
Le questionnaire en ligne est composé de 36 questions: une question ouverte, 10 questions fermées et 25 questions à choix multiples; l’outil est structuré en trois grands axes: le premier axe concerne l’identification des répondants contenant cinq questions à choix multiples, le deuxième axe est consacré à l’utilisation de l’enseignement à distance avec 17 questions (QCM, questions dichotomiques, questions sémantiques différentielles) et le dernier axe consiste à évaluer l’impact de l’e-learning sur les connaissances et les compétences des étudiants enquêtés, dans cet axe on a utilisé 14 questions dont des questions à choix multiples, des questions support sémantiques, Likert et des questions rang.
- Pour l’enquête, il a été jugé approprié d’éviter le risque de réponses ambiguës. En fait, en ce qui concerne l’échelle de notation on a opté pour une échelle à 5 degrés de satisfaction en éliminant parmi les réponses suggérées celle qui exprime l’incertitude, le non-jugement, ni en accord ni en désaccord, pour forcer l’utilisateur à prendre position.
- il a été jugé approprié de mesurer le degré de considération que les répondants et leur entourage accordent à l’enseignement à distance en leur donnant la possibilité de le noter sur 10.
- Enfin, à la fin du questionnaire un espace a été laissé pour ajouter des remarques et des suggestions que les utilisateurs souhaitaient fournir.
La cible
L’étude réalisée dans le cadre de cette recherche entre le 25 avril et le 5 mai 2020 a ciblé les étudiants des établissements à accès ouvert de l’université Mohammed V de Rabat. Ce choix s’explique par l’exigence de vérifier les effets de l’apprentissage à distance dans des établissements qui délivrent essentiellement un enseignement présentiel dans la perspective de l’enrichir avec l’enseignement à distance. On a aussi voulu, dans le cadre de cette recherche, apporter des réponses claires et satisfaisantes à un ensemble de questions soulevées sur l’apprentissage à distance dans notre université d’appartenance.
Analyse et interprétation des résultats
Dans le cadre de l’analyse des données, nous allons essayer de traiter quatre points essentiels à savoir: Les caractéristiques des participants, l’utilisation de l’enseignement à distance dans les établissements enquêtés, l’évaluation de cet apprentissage et proposition des pistes de généralisation et d’amélioration de l’e-learning.
Les caractéristiques des participants
Le sexe
Sur les 653 étudiants qui ont rempli le questionnaire, 67,40% sont de sexe féminin, alors que 32,80% sont de sexe masculin.
L’âge
Au sein de l’échantillon des participants, 333 étudiants, soit 51% des répondants ont entre 21 et 30 ans, 240 étudiants (36.80 %) ont moins de 20 ans. En revanche 7.70 % des sondés sont âgés de 31 à 40 ans et 4.50 % ont plus de 41 ans
Les établissements d’appartenance
Les étudiants ayant participé à l’enquête relèvent pour la plupart de la faculté des sciences de Rabat, soit 45 % et des trois facultés des sciences juridiques et économiques présentes sur les deux rives, soit 46.8% des répondants, contre seulement 8.1 % représentant la faculté des lettres et des sciences humaines.
Le cycle d’études
Quant à la répartition des sondés par cycle d’études, les étudiants en licence sont surreprésentés dans notre échantillon (76.60%) par rapport aux autres cycles (Master 21.70 % et Doctorat 1.70 %).
Utilisation de l’enseignement à distance au sein des établissements étudiés
D’après les résultats de notre enquête, 89,70% des étudiants enquêtés suivent des cours en ligne contre seulement 10,30% qui ne suivent pas des cours à distance pendant la période de confinement.
Par ailleurs, la plupart parmi ceux qui suivent des cours en ligne, soit 67.80% suivent au plus deux cours par semaine tandis que seulement 18.90% des étudiants sondés suivent au moins 4 cours par semaine.
Concernant le matériel utilisé par les étudiants pour suivre leurs cours, notre étude révèle que les Smartphones (68,70%) et les ordinateurs portables (50,20%) sont les moyens les plus utilisés. En ce qui concerne les ordinateurs de bureau et les tablettes, ils ne dépassent pas ensemble 5.80%. Deux facteurs clés peuvent être à l’origine de cet écart: la mobilité et la multitude des fonctionnalités des premiers.
A l’instar des moyens dont dispose la majorité des étudiants, le taux de connectivité à Internet est très élevé. En effet, les trois tiers des étudiants sondés, soit 77,80% possèdent un accès à internet, contre 22,20% qui n’en disposent pas.
Quant à l’utilisation des outils supports et des plateformes de formation durant la période de confinement, 52,80% affirment avoir utilisé les classes virtuelles telles Google Class Room et Microsoft Teams; en revanche 46,80% déclarent que leurs professeurs leur ont envoyé par mail des supports en pdf/word/powerpoint, alors que seulement 23,20% des étudiants sondés déclarent avoir bénéficié des cours interactifs à travers des applications telles que Zoom et Google Meet. Par contre, 16.70% affirment avoir reçu les cours à travers Whatsapp alors que 11.80% soutiennent qu’ils ont utilisé les vidéos en streaming sur Youtube.
Quant à la participation aux visioconférences, presque les deux tiers des répondants, soit 71,10% déclarent que leurs professeurs ont dispensé des cours par l’intermédiaire des applications de visioconférence.
Pour accéder aux formations interactives, presque la moitié des étudiants, soit 47.20% disent avoir utilisé Google Meet. Zoom a été utilisé par 28,50% et Microsoft Teams par 16,90% des étudiants qui ont participé aux webinaires.
Quant à la fréquence de l’utilisation des classes virtuelles interactives, notre étude fait ressortir que dans la plupart des cas, soit 72.40%, les professeurs ont utilisé les applications interactives pour la première fois pendant la période du confinement, et dans seulement 27.60% des cas, les étudiants ont l’habitude d’interagir avec leurs professeurs par l’intermédiaire de ces moyens interactifs.
Concernant leurs préférences quant aux outis supports qu’ils jugent les plus utiles, la plupart (42.90 % ) évoque les classes virtuelles. Viennent par la suite les supports en pdf/word/power point (35 %), les visioconférences (21.50 % ), les cours en streaming (18.50 %), whatsapp (15.30 %) .
Quant aux étudiants ayant eu à faire des évaluations en ligne, notamment pendant la période du confinement, 37,40% des interrogés ont déclaré avoir fait des examens. En revanche, 62.60 % ne les ont pas faits.
Amenés à évaluer ces systèmes d’évaluation en ligne tels qu’ils ont été appliqués par leurs professeurs, 33,50% des étudiants parmi ceux qui ont déjà eu à faire des examens estiment ces évaluations justes contre 40,20% qui les trouvent injustes et 25,30% qui sont restés indifférents.
Concernant les activités de recherche menées par les participants pendant le confinement, le mode d’enseignement à distance n’a pas empêché la plupart des étudiants de réaliser des travaux de recherche, soit 74,70% des étudiants contre seulement 25.30% qui n’ont fait aucune activité de recherche.
Quant aux types d’activités de recherche réalisées, 57,30% parmi les étudiants ayant réalisé des travaux de recherche ont préparé un travail écrit contre 30,80% qui ont présenté des exposés oraux en visioconférences. A noter aussi que 13% ont soutenu leurs projets de fin d’étude ou leurs thèses et 9,80% ont présenté leurs projets de thèse. Ce qui montre que la culture numérique commence à s’ancrer dans presque toutes les pratiques de la formation académique, notamment la recherche scientifique.
Evaluation de l’e-learning dans les établissements enquêté
Concernant les moyens logistiques disponibles dans les établissements à accès ouvert, notre étude révèle que les adresses institutionnelles sont mises à la disposition de la moitié des étudiants sondés, soit 55,90%. En ce qui concerne l’accès à Internet pour les étudiants, celui-ci ne dépasse pas les 27,60%. En outre, seulement 14,70% des enquêtés affirment avoir accès à des ressources numériques et 11% disposent d’équipement informatique mis à leur disposition au sein de l’établissement.
Amenés à évaluer leur niveau d’appréciation globale quant à l’engagement de leur établissement dans le développement et l’encouragement de l’enseignement à distance, près de la moitié des sondés se déclarent plus ou moins satisfaits, soit 57%, contre 42.9% qui estiment que leur établissement n’encourage pas assez l’enseignement à distance.
Pour ce qui est des difficultés rencontrées par les étudiants, la plupart (68,30%) évoque la mauvaise qualité de connexion internet et ses coupures fréquentes qui empêchent le bon déroulement des cours virtuels. Viennent par la suite le manque de communication avec les professeurs avec un taux de 46,90%, les problèmes techniques avec un taux de 32.20%, le retard dans la mise à disposition des étudiants des adresses institutionnelles qui leur permettent d’accéder aux classes virtuelles avec un taux de 26.80 % et en dernier lieu les difficultés liées à l’utilisation des nouveaux outils (22.10%).
Concernant leur niveau d’appréciation par rapport aux cours en ligne tels qu’ils leur ont été dispensés, on constate que 37.40% déclarent ne pas être du tout satisfaits ou faiblement satisfaits de ce mode d’enseignement, 28% moyennement satisfaits, contre près d’un tiers de l’échantillon, soit 34,60% qui sont satisfaits, voire très satisfaits.
Questionnés sur les conditions que l’université devrait améliorer pour aider les étudiants à s’impliquer davantage dans l’e-learning, les répondants estiment que l’université doit investir plus dans la formation des étudiants (55,30%), dans la généralisation de la formation à distance (44,3 %), dans la mise en place d’une structure d’assistance technique (43.60%) et dans la diversification des ressources numériques offertes par l’université (30,20%).
En ce qui concerne la consolidation de la didactique collaborative à distance, 40% des participants, déclarent être d’accord, voire parfaitement d’accord qu’il est temps d’intégrer les cours à distance dans leur enseignement, 34% affirment être assez d’accord contre 26.10% qui soutiennent ne pas être d’accord, voire pas du tout d’accord.
A la question si l’enseignement en ligne les a aidés à réaliser les objectifs qu’ils s’étaient fixés au début du confinement, 57.70% estiment qu’il leur a permis de réaliser leurs objectifs, alors que 42.30% affirment qu’ils n’ont pas été en mesure de réaliser leurs buts.
Par ailleurs, l’enquête révèle que la formation en ligne a permis aux étudiants d’accéder à une meilleur vision de leur avenir en tant qu’étudiant (29.92%), en tant que futur salarié (9.50%), en tant que futur enseignant (8.60%). En revanche, 37.20% des étudiants enquêtés affirment qu’elle ne leur a pas permis d’avoir une meilleure vision de leur avenir.
À la question de savoir leur point de vue concernant la nécessité d’assurer la formation essentiellement en présentiel, 47.30% des sondés déclarent être d’accord, voire parfaitement d’accord, 30.30% sont assez d’accord alors que 22.40% affirment ne pas être d’accord, voire pas du tout d’accord. Cela s’explique par le besoin ressenti par les étudiants sondés d’un modèle d’enseignement qui combine des éléments de formation présentielle et des éléments en e-learning.
Amenés à évaluer le degré de considération accordé à l’apprentissage à distance en générale par leur entourage, plus que la moitié (56,70%) ont accordé un degré de considération inférieur à 6/10, alors que près de 43,30% des étudiants ont accordé un degré de considération supérieur à 6 /10.
De leur tour, 51% des étudiants concernés par l’étude ont accordé un degré de considération inférieur à 6/10 tandis que 49% ont accordé un degré de considération à l’enseignement à distance supérieur à 6/10.
Proposition des pistes de généralisation et d’amélioration de la formation à distance
Même si le principe de l’enseignement à distance paraît a priori en contraste avec la pratique d’enseignement traditionnel présentiel qui reste pour la plupart l’unique modèle de formation, les différents établissements à accès ouvert relevant de l’université Mohammed V, ont su réagir avec créativité pour s’adapter à la situation d’urgence en s’organisant de la manière la plus utile pour impliquer leurs étudiants et en tentant de concilier les pratiques d’enseignement à distance avec les nouveaux besoins dus à la situation de confinement.
La généralisation et l’amélioration de l’apprentissage à distance au Maroc généralement et spécifiquement au niveau de l’université Mohammed V ne peuvent avoir lieu que si toutes les parties prenantes concernées à savoir: l’université, l’établissement, l’enseignant et l’étudiant sont réellement impliqués dans ce processus. Tous ces acteurs doivent collaborer ensemble pour faire réussir cette expérience d’apprentissage à distance vécue pendant le confinement dans la perspective de la généraliser dans le futur.
La technologie ne peut être utilisée concrètement comme outil pédagogique opérationnel que dans la mesure où les enseignants sont préparés et motivés pour enrichir le système présentiel traditionnel où ils réalisent essentiellement des cours synchrones en mode frontal par des séances de formation et d’encadrement à distance par le biais des moyens interactifs. En effet, l’utilisation des plateformes virtuelles leur permettant l’échange et la collaboration avec les étudiants permet de passer d’un modèle d’apprentissage caractérisé par l’ architecture didactique de la présentation où le professeur incarne le rôle de la source du savoir et où l’étudiant n’est qu’un simple consommateur passif à un nouveau modèle basé sur la participation collaborative qui implique un apprentissage par la pratique, par l’utilisation et par l’interaction, un apprentissage axé sur l’interaction entre les acteurs (Cobo Romaní et Pardo Kuklinski, 2007; Redeker, 2009).
Pour rendre cela possible, le rôle de l’étudiant, sa compétence et motivation sont aussi importants que ceux des autres acteurs. Pour cette raison, la relation étudiant-professeur mériterait d’être reconsidérée pour favoriser un environnement de participation constructive et interactive. Car dans un climat participatif les étudiants deviennent conscients de leur rôle et de l’importance que revêt leur engagement personnel concret, constant et responsable dans la réalisation des résultats satisfaisants.
Si l’enseignant en tant que principal interlocuteur des étudiants a joué pleinement son rôle dans cette situation de crise en assumant l’entière responsabilité de la transformation des modalités de transmission des cours et en adaptant ses pratiques classiques aux nouvelles exigences, la pertinence du rôle de l’université et de l’établissement dans ce processus en tant qu’instance dirigeante et structure de référence et de décision se révèle clairement déterminante sur de nombreux aspects:
• en tant que centre d’organisation et de décision prêt à répondre immédiatement à la demande des enseignants et des étudiants pour leur faciliter l’accès et garantir la poursuite de l’apprentissage;
• en tant que garant de la qualité des connexions internet en cherchant des partenariats/conventions avec les prestataires de service, notamment en ce qui concerne les aspects relatifs au coût et à la qualité de la connectivité;
• en tant que point de référence valable pour les enseignants, en garantissant un soutien constant aussi pour avoir des activités de formation à l’utilisation des plateformes, et une assistance pour les étudiants en préparant des tutoriels.
Pour tous ces facteurs, il convient d’envisager un système éducatif basé sur le Blended learning qui est un modèle de formation qui combine des éléments de formation présentielle et des éléments en e-learning. Les activités didactiques dispensées à distance sont généralement conçues au début comme un complément de l’enseignement frontal pour pallier aux contraintes imposées par la distance séparant les professeurs de leurs étudiants et faciliter le contact et la communication entre eux.
Partant de ces conclusions, il apparait donc que la généralisation de l’ e-learning doit se faire en impliquant non seulement les acteurs directs (les professeurs et les étudiants), mais aussi les institutions (le Ministère de tutelle et les Universités), sans se focaliser uniquement sur une partie au détriment des autres. Le projet de développement de la formation à distance ne peut être dissocié des questions pédagogiques ou de l’enjeu politique. Il incombe donc au Ministère de tutelle d’instaurer le cadre légal et aux universités de se pencher sur la planification, le financement et la formation des différents acteurs avant la mise en œuvre de la formation à distance comme méthode d’enseignement à part entière dans les années à venir.
Conclusion
La présente étude sur l’évaluation de la pratique de l’e-Learning et de ses effets et impacts dans les établissements à accès ouvert de l’université Mohammed V de Rabat a été rendue possible grâce à la réalisation d’une enquête quantitative auprès de 653 étudiants. Elle nous a permis de développer une compréhension et une réflexion élargie sur les possibilités offertes par l’enseignement à distance pour l’avenir.
Parmi les importants enseignements révélés par notre enquête, nous retenons en premier lieu une forte utilisation de l’apprentissage à distance dans les établissements à accès ouvert au sein de l’université Mohammed V de Rabat avec un taux de 89,70%. Néanmoins, l’étude du nombre de cours interactifs en ligne que les étudiants suivent par semaine est indissociable de l’analyse de sa dimension réelle par rapport aux autres moyens utilisés par les professeurs pour dispenser la formation. Cela a mis en évidence que seulement 18.90% des étudiants sondés suivent au moins 4 cours par semaine (moins des 6 modules prévus par le cahier des normes). On peut en conclure que la pratique de l’enseignement à distance n’est pas généralisée et que seulement une partie des professeurs utilisent les TIC.
En ce qui concerne les modalités de formation adoptées, les outils supports de prédilection sont les classes virtuelles (52,80%) et les supports en pdf/word/powerpoint (46,80%) tandis que seulement 23,20% des étudiants sondés déclarent avoir bénéficié des cours interactifs à travers des applications telles que Zoom et Google Meet. On peut en déduire que, dans le contexte actuel, ce qui a été fait est un transfert des contenus de l’enseignement conventionnel vers l’environnement virtuel au détriment de la formation interactive.
L’enquête a aussi ressorti une grande participation (74.70%) des étudiants dans la réalisation des travaux de recherche à travers les visioconférences. Par ailleurs, l’enseignement à distance permet de construire des parcours d’enseignement personnalisés plus facilement par rapport à l’enseignement classique particulièrement pour ce qui concerne la supervision des travaux de recherche et leur présentation (les exposés, les PFE, les thèses du master). Cet avantage ne peut que valoriser le rôle du professeur en tant que concepteur et facilitateur du processus d’apprentissage en faveur de l’étudiant et donner confiance à l’étudiant qui dépasse sa peur du public. En effet, il leur permet de créer un environnement d’apprentissage «mobile», où les contraintes du temps et de l’espace disparaissent grâce notamment à la gestion flexible des horaires d’enseignement et d’encadrement et surtout une alternance de l’enseignement synchrone et asynchrone.
Concernant leur préférence de la pratique de formation, le mode présentiel attire la moitié (47.30%) des sondés qui soutiennent la nécessité d’assurer l’enseignement essentiellement en présentiel et 40% des participants qui estiment que c’est l’occasion de consolider la didactique collaborative à distance. Cela s’explique par le besoin ressenti par les étudiants sondés d’un modèle d’enseignement qui combine des éléments de formation présentielle et des éléments en e-learning.
En effet, l’intégration de l’e-learning avec l’enseignement frontal et l’adoption d’une stratégie d’enseignement interactive où l’enseignant joue le rôle de tuteur et accompagnateur ne peut que motiver les étudiants et les inciter à prendre la responsabilité de leur apprentissage. Le blended learning s’impose à cet égard comme une solution d’importance pour l’avenir de l’université marocaine.
Dialoghi Mediterranei, n. 44, luglio 2020
[*] Abstract
Il confinamento imposto dalle autorità marocchine per rallentare l’espandersi del Covid 19 ha spinto i docenti a utilizzare soluzioni tecnologiche a supporto della didattica online per non rompere la continuità pedagogica. Con il presente articolo si vuole valutare l’utilizzo dell’insegnamento a distanza e il suo impatto sugli studenti e riflettere sulle misure da adottare per generalizzare la didattica online. Il progetto si basa su una ricerca quantitativa, tramite la somministrazione di un questionario a 653 studenti dell’Università Mohammed V di Rabat per testare il loro gradimento dell’insegnamento a distanza durante il periodo di confinamento e valutare l’impatto e gli effetti dell’e-learning sulle loro conoscenze e abilità.
Note
[1] (AFT, NCME, NEA, 1990: 1). (AFT (American Federation of Teachers); NCME (National Council on Measurement in Education); NEA (National Education Association), 1990. «Standards for teacher competence in educational assessment of students », Dans: Educational Measurement: Issues and Practices, 9(4: 30-32)
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Naima Bouferas, docente di Marketing e Management presso la Facoltà di Giurisprudenza e Economia- Sala Al Jadida dell’ Università Mohammed V- Rabat. Specializzata nelle strategie per lo sviluppo sostenibile, nella responsabilità sociale delle aziende in Marocco e in Africa in generale e Management, ha pubblicato vari libri di management delle aziende. Ha contribuito alla promozione di lauree professionali nel campo bancario e master in imprenditorialità e ingegneria manageriale.
Abdelkrim Elalami, professore di lingua e letteratura italiane presso il Dipartimento di Lingua e Letteratura Italiana dell’Università di Rabat, ha studiato al Dipartimento di Italianistica dell’Università di Bologna. Specializzato nella letteratura comparata, particolarmente nei rapporti tra Dante e la cultura islamica e nel Sufismo musulmano, ha ricoperto l’incarico di capo del Dipartimento degli studi italiani presso la Facoltà di Lettere e Scienze Umane di Rabat e ha contribuito alla promozione del Master di Traduzione Letteraria e Culturale presso la stessa Facoltà.
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